Aujourd’hui, 35 % des Français de plus de 18 ans, soit un adulte sur 3, sont en surpoids, 15 % sont franchement obèses et plus de 18 % des enfants de 3 à 17 ans sont des kilos en trop.
Les responsables, comme dans tous les pays où le phénomène est en augmentation, sont connus : fast-food, boissons sucrées, pâtisseries et friandises, malbouffe en général et sédentarité.
Au lieu des 1 800 ou 2 000 calories nécessaires par jour, on totalise 2 500 ou 3 000 qui ne se transforment pas en énergie mais, au fil des mois, en kilos superflus. Et plus on mange gras et sucré, plus la sensation de faim réapparaît rapidement car l’estomac se vide alors plus souvent. Ce cercle vicieux, connu depuis longtemps restait inexpliqué jusqu’ici.
Or, une équipe de l’Inserm de Nantes a récemment découvert que ce type d’alimentation avait pour effet de maintenir en vie trop longtemps certaines populations de neurones situées dans l’estomac, qui normalement disparaissent à l’adolescence. Le maintien de leur activité concourt à conserver le rythme rapide de vidange propre aux jeunes. La persistance anormale de ces neurones semble due à une substance dont la sécrétion serait induite par une concentration trop élevée de leptine, une hormone qui joue un rôle dans la sensation de satiété.
Les répercussions ne sont pas seulement psychologiques et esthétiques, car les kilos en trop retentissent gravement sur la santé. On estime que 9 000 personnes décèdent chaque année à cause d’un problème liée à l’obésité. C’est souvent à l’occasion d’un incident de santé que les médecins demandent fermement à leurs patients de maigrir. Mieux vaut donc réagir avant !
Plus on est gros, plus on a de risques de devenir diabétique de type 2 (c’est-à-dire non insulinodépendant) et de souffrir de maladies cardiovasculaires. Le surpoids favorise l’excès de sucre, de cholestérol et de triglycérides dans le sang ainsi que l’hypertension artérielle. Les artères deviennent rigides, s’encrassent à grande vitesse et se bouchent pour en finir. Résultats : infarctus, accident vasculaire cérébral, artérite des jambes, insuffisance cardiaque…
A l’inverse, comme l’ont montré des études présentées au dernier congrès de l’American Heart Association de San Diego, plus les obèses maigrissent, en particulier aux dépens de la graisse abdominale, mieux les artères se portent. Elles récupèrent leur capacité de dilatation et le flux sanguin s’améliore sensiblement.
Autre conséquence du surpoids, l’augmentation ou l’aggravation des affections hépatobiliaires, des infections urinaires et des maladies respiratoires, insuffisance respiratoire, souvent liée à l’insuffisance cardiaque, mais aussi asthme. Un asthmatique sur six est obèse. On sait aujourd’hui, qu’une perte de poids, obtenue grâce à un changement du mode de vie et d’alimentation, contribue à améliorer l’asthme.
L’alimentation industrielle, riche en acides gras trans et en sucres, et le surpoids qui en découle favorisent aussi les cancers de l’œsophage, du pancréas et du côlon, mais aussi du rein, de l’endomètre et même du sein (après la ménopause). La relation est aujourd’hui bien établie, même si les mécanismes, sans doute hormonaux, ne sont pas encore complètement élucidés.
La solution pour maigrir lentement mais sûrement : manger sain et équilibré, en n’excluant aucun aliment, et sans se lancer dans des régimes trop restrictifs, fantaisistes ou privilégiant telle ou telle famille d’aliments. Tous les nutritionnistes et endocrinologues sérieux s’accordent à le dire : c’est dès l’enfance qu’il faut être vigilant. A cet âge, c’est facile à contrôler, à l’adolescence c’est beaucoup plus difficile et une fois les kilos installés, il faut faire davantage d’efforts beaucoup plus durs à tenir.
Didier GALIBERT & Anthony BOURDAIN |