Pourquoi est-il important que la grossesse se prépare à deux ?
Tout simplement parce que pour la fécondation entre un ovule et un spermatozoïde se produise dans les meilleures conditions, il faut être prêt, autant dans la tête que le corps. Faire un bébé commence bien avant sa conception. Des études ont démontré que le développement et la santé de l’enfant à naître sont conditionnés par l’état de santé, l’hygiène de vie, l’environnement des deux futurs parents bien avant que la femme soit enceinte.
Pour se donner toutes les chances, par quoi faut-il commencer?
Logiquement, il faudrait passer une visite préconceptionnelle. Elle n’est pas obligatoire mais vivement conseillée, avec le praticien de son choix : généraliste, gynécologue médical ou obstétricien, sage-femme. Même si tout va bien, en apparence, cette visite est l’occasion de réaliser un bilan de santé général et un point sur ses vaccinations. L’objectif est d’anticiper les complications possibles pour la femme et pour l’enfant à naître.
Dans quel cas cette visite est-elle obligatoire ?
La visite préconceptionnelle est un passage obligé quand la femme souffre d’une pathologie chronique (diabète, rectocolite, cardiopathie, hypertension, épilepsie, cancer en rémission, sida…). Quand l’affection est contrôlée, équilibrée, elle n’est pas incompatible avec une grossesse. Les contre-indications sont rares. Le médecin qui suit la grossesse et le spécialiste de la maladie affectant sa patiente géreront la situation ensemble.
Le dépistage d’une IST est-il obligatoire ?
Sauf pour la syphilis, le dépistage d’infections sexuellement transmissibles (VIH, hépatites B et C, chlamydia) n’est pas obligatoire mais simplement proposé au couple, selon ses pratiques passées ou présentes. 10% des femmes sont porteuses d’une IST et souvent l’ignorent car certaines sont asymptomatiques.
Y a-t-il une hygiène de vie à respecter à deux ?
Jusque là, les recommandations alimentaires et d’hygiène de vie étaient destinées à la seule femme pendant les neuf mois de grossesse. Désormais elles s’appliquent au couple avant la gestation, car elles influencent les chances de concevoir.
Doit-on également surveiller son poids ?
Une perte même modérée, de 3 à 5 kg, quand la femme est en surpoids a un effet bénéfique sur la fertilité et réduit le risque de complications lors de la grossesse (diabète gestationnel, hypertension) et celles liées à l’accouchement. Mieux vaut perdre du poids avant d’être enceinte que pendant, ce qui serait néfaste pour la croissance du fœtus.
Mais cela est-il toujours valable pour les deux parents ?
Exactement. Cela concerne les deux parents. L’obésité pouvant avoir une influence sur la qualité des ovules et du sperme. Et cela augmente aussi le risque d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires chez l’enfant quand il sera adulte. A l’inverse, une femme trop maigre, dénutrie, présente des risques de retard de croissance et de prématurité.
De nous jours, est-il important aussi de se protéger des polluants ?
L’agence Santé Publique France a publié des données épidémiologiques montrant le lien entre la santé reproductive et l’exposition à certains composants chimiques présents dans l’environnement. En ligne de mire : les perturbateurs endocriniens qui, en modifiant les systèmes hormonaux, entraînent une baisse de la fertilité humaine depuis plusieurs décennies. Même si des incertitudes subsistent, il vaut mieux prévenir.
Didier GALIBERT |